L’Atlas, ce massif montagneux culminant à plus de 4100 m et couvrant une grande partie du Maghreb, fut la source de légendes très nombreuses dans l’Antiquité toujours en relation avec l’origine indo européenne de son nom construit sur une racine signifiant « soulever » ou « supporter ».
Si l’on remonte à une évocation très ancienne d’Atlas, celle d’Hésiode, poète grec qui aurait vécu à la fin du VIIIe siècle ou au début du VIIe siècle av. J-C, racontant la création du monde et des dieux dans son poème La Théogonie, il est le fils du titan Japet et de Clymène, une Océanine fille de l’Océan. Il a pour frères deux autres personnages très célèbres Épiméthée et Prométhée. Il s’engage dans la lutte contre les dieux olympiens conduits par Zeus et, vaincu, il se retrouve condamné à soutenir la voûte céleste en un lieu bien précis à la limite du mode connu :« Atlas, lui, soutient le vaste ciel, pliant sous la puissante contrainte, aux confins de la terre, face aux nymphes du soir, les Hespérides aux voix sonores, debout, de sa tête et de ses bras infatigables, c’est le lot que lui a imparti le prudent Zeus ». (vers 517 à 519, traduction de Annie Bonnafé).
Ces Hespérides, nymphes du couchant, sont filles de la nuit chez Hésiode et sont chargées de veiller sur un jardin au pied du mont Atlas renfermant des pommes d’or. Elles sont aussi situées au bord de l’océan non loin de la mythique île des bienheureux où seuls les héros séjournent au-delà de la mort. Pline l’Ancien, savant du 1er siècle, place ce jardin dans l’estuaire de la ville de Lixos ou Lixus (aujourd’hui à proximité de la ville de Larache).
Ces mêmes nymphes interviennent dans une autre légende expliquant le fardeau porté par Atlas. Ce dernier est berné par Héraclès venu chercher, lors de ses travaux, les fameuses pommes d’or du jardin des Hespérides. Ces pommes, cadeau de Gaia, avaient été plantées dans ce jardin lors des noces d’Héra et de Zeus, jalousement gardées par un dragon. Ne pouvant pas cueillir lui-même ces fruits, Héraclès envoie, dans une des versions de la légende, Atlas les cueillir, lui proposant de porter la voûte céleste à sa place. Atlas, sans doute soulagé, propose de rapporter les pommes à Eurysthée, le commanditaire de l’épreuve, voici comment Apollodore (1er siècle ou IIe siècle) rapporte la fin de l’épisode qu’il situe au pays des Hyperboréens (à l’extrême nord) : « Atlas cueillit trois pommes du Jardin des Hespérides, et les porta à Héraclès. Ensuite il ne voulut plus reprendre le ciel sur ses épaules. Héraclès alors le pria de lui accorder le temps de mettre autour de sa tête un bandeau pour porter ce poids ; Atlas déposa les pommes à terre et accepta de soutenir le ciel un moment encore : Héraclès s’empara les pommes et s’enfuit ». (Bibliothèque II.5.11 traduction d’Ugo Bratelli).
Pour Diodore de Sicile, auteur du 1er siècle av. J-C., les Hespérides, filles d’Atlas, sont sauvées d’un rapt par Héraclès. Atlas, pour le remercier, lui offre les pommes d’or et l’initie à l’astronomie : « Atlas avait bien approfondi cette science, et il avait construit avec art une sphère céleste ; c’est pourquoi on le supposait portant le monde sur ses épaules. Comme Héraclès apporta le premier en Grèce la science de la sphère, il en retira une grande gloire ; c’est ce qui fit dire aux hommes, allégoriquement, qu’il avait reçu d’Atlas le fardeau du monde ». (La Bibliothèque historique IV-27 traduction de Ferdinand Hoefer).
Cette vision d’Atlas père de l’astronomie est peut-être à mettre en relation avec le premier atlas. En effet, au XVIe siècle pour illustrer un recueil de cartes géographiques Gérard Mercator, un savant allemand, représente un géant barbu tenant dans ses mains une sphère et ayant à ses pieds un globe terrestre : Atlas. Par la suite, tous les ouvrages du même genre porteront ce nom.
À suivre…
Cécile Hollender
Merci pour ce beau récit ! Vivement la suite!