Ces migrants qui ont fait l’Algérie : Les rois du commerce

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Nous terminons nos extraits du livre de Jean-Pierre Hollender, « Ces migrants qui ont fait l’Algérie française« , par les rois du commerce et la nouvelle « Les Maltais« . Bien d’autres migrations vers l’Algérie sont abordées (« Les Parisiens« , « Les Corses« , « Les Espagnols » et même « Les Helvètes » et « Les Russes« ), alors n’hésitez plus, il est encore temps de commander cet ouvrage.
Toute ressemblance avec des personnages ayant existé est fortuite !!

« Le lieutenant de vaisseau Lucien de Beaucourt effectuait souvent des déplacements tant à Mahon qu’à Gozo ou La Valette (Malte), chargé de mission par le général Lamoricière à la recherche de maraichers pour cultiver les légumes nécessaires pour sa troupe en Algérie. Le général commandant était contraint de faire cette recherche car ses hommes, contrairement à ce qu’il espérait, ne se transformaient pas en colons une fois libérés de leur service. Fin lettré notre général en chef était fort déçu car il se remémorait toujours le désir des légionnaires romains de devenir des colons dans les provinces conquises.

Ainsi, notre jeune officier avait sympathisé à Gozo avec un vieux maltais José Attar, qui élevait des porcins et des cochons. Après une longue conversation avec le vieil homme, il lui proposa d’importer des cochons en Algérie. C’est lui qui organisa le premier voyage du vieux maltais pour qu’il rencontre les autorités locales afin d’importer des maraichers pour développer la culture légumière. Ainsi les premiers maltais arrivés sur la terre algérienne furent des primeuristes. En bon maltais, José souscrit aussi à la suggestion du jeune officier d’importer en Algérie la viande maudite par les musulmans, les cochons. Le vieil homme fit un premier voyage avec beaucoup de difficultés pour entrer en Algérie, car il faut se rappeler qu’à l’époque Malte était une possession britannique et que le gouvernement français craignait l’infiltration d’espions. En revanche, le pouvoir local était satisfait du projet qui fut très bien accueilli surtout chez les Européens, car les juifs comme les musulmans ne touchaient pas à cette viande impure d’après les règles des docteurs de la foi et les lois de leur religion. Il est certain que cette installation ne pouvait s’effectuer que dans un secteur proche d’agglomérations où se trouvait la nourriture de base des porcs en abondance : « les eaux grasses » dont se gavaient et se régalaient les gorets. Dès lors, les Européens habitant cette province commencèrent à rêver de côtes, de rôtis de porc et aussi de cochonnailles. On signa donc une convention avec les autorités locales : Monsieur José Attar se voyait attribuer l’exclusivité de l’importation, de l’élevage et de la production de porc, pour lui, ses héritiers et ses ayants-droits. Ainsi rapidement on trouva sur les marchés cet aliment et vite ensuite de la charcuterie. Bientôt les Zahra, les Micaleff, et autres divers cousins ouvrirent des boutiques pour le plus grand plaisir des Européens et de leurs bidasses qui eurent enfin droit au jambon blanc ou cru, au saucisson, aux andouillettes, au boudin, au pâté de tête et pâté de foie etc.

Mais ces rois de commerce allaient introduire en Algérie quelques autres produits et en particulier une boisson qu’on appelait la « Maïa », une sorte d’anisette dite douce, cet apéritif à base d’anéthol qui devenait blanche quand on y ajoutait de l’eau. Très vite cette boisson détrôna le pastis et le pernod et même l’absinthe. …/… »

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