Ces migrants qui ont fait l’Algérie : Il signore di Faenza

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Ce quatrième extrait du livre de Jean-Pierre Hollender, « Ces migrants qui ont fait l’Algérie française« , nous présente l’arrivée des Italiens à travers la nouvelle, quelque peu romanesque, « Il signore di Faenza« .
Toute ressemblance avec des personnages ayant existé est fortuite !!

« Les Manfrede qui étaient devenus Manfredi à force de vivre en Italie, étaient une famille de petite noblesse toscane, anoblie par le pape Alexandre Borgia pour service rendu à son fils César. En fait, ils étaient simplement exécuteurs à la lame et au couteau des ennemis affirmés et déclarés de la famille papale et avaient rendu également quelques services… Donc ces « Gibelins » s’étaient vus octroyer la seigneurie de Faenza petit fief en marche de la grande Toscane. En fait, les aléas du temps et les querelles intestines italiennes pré-médiévales avaient fait que ce fief allait devenir vassal du duché de Modène – le souverain de cette principauté était devenu un Habsbourg.

Durant les bouleversements de la grande Révolution française et son impérialisme aveugle et dictatorial dominé par les Corses et Bonaparte, Philippe le seigneur en titre de Faenza avait toujours soutenu son prince le duc de Modène, malgré vents et marées, et après la chute de Napoléon Ier, il retrouva sa place, son fief, ses fonctions et ses biens… Il développa alors un important élevage de chevaux demi-sang et acquit une renommée presque européenne dans cette activité. C’est sûrement pour cette raison que son souverain lui avait confié le titre honorable de grand écuyer de la couronne chargé ainsi de la cavalerie du Grand Duché. Son seigneur avait épousé une princesse anglaise : Philippe profita de l’occasion pour marier son fils aîné François à une jeune noble de la suite de la duchesse. Il eut deux fils dont un lui causa de nombreux déboires : il avait détourné l’achat de certains chevaux à son profit et il dut d’enfuir en Corse pour échapper à la fureur de son père ; quant à son fils aîné Joseph, il le maria avec Thérèse de Massacarara, de petite noblesse toscane.

Mais bientôt la situation en Italie du nord se détériora ; poussés par les idées saugrenues de l’unité italienne autour des Piémontais et de la Maison de Savoie qui pour les Manfredi n’étaient pas des Italiens mais des vassaux des Français, le nouveau Napoléon était intervenu pour pousser les Savoie dans cette voie et pour s’acharner contre l’Autriche faisant ainsi les affaires des plus dangereux des Allemands, les Prussiens, qui venaient de battre les Habsbourg à Sadowa 1866 et créer un nouveau Reich (qui allait devenir le responsable à moyen et long terme de trois guerres qui allaient ensanglanté toute l’Europe). Donc Manfredi dans la tradition gibeline avait soutenu son prince dans les bouleversements qui arrivaient : il n’avait pas hésité avec ses hommes à soutenir son Grand Duc dans les combats qu’il menait contre les Piémontais et leurs alliés les Français, qui étaient là pour mettre la main sur l’Italie. Leur lutte fut vite étouffée sous la puissance de feux qu’avaient amené ses maudits Français.
Son prince fut obligé d’abandonner la lutte, mais Manfredi et quelques-uns de ses hommes décidèrent de continuer le combat en organisant une révolte sporadique. Aussi avec sa bande (ils étaient une dizaine), il n’hésita pas à attaquer des convois militaires de munitions et de vivres, il coupa à deux reprises la route qui allait de Florence à Milan ; puis il détruisit un pont et plusieurs routes d’accès vers Florence. Ces actions firent plusieurs morts surtout parmi les officiers français.
Le nouveau gouvernement piémontais avec l’arriviste Cavour et le faux révolutionnaire Garibaldi, prit la mesure de déclarer Manfredi et ses hommes hors la loi, et dans les villages et les bourgs étaient affiché les noms de ces rebelles qui venaient d’être condamnés à mort par le nouveau gouvernement italien.

Joseph Manfredi avait pris la décision d’envoyer sa femme et ses trois enfants à Carrare. Ceci fait, recherché par toutes les polices piémontaises, il décida avec ses hommes de se réfugier en Autriche. Il souffrit beaucoup du froid à Vienne mais il rendit d’énormes services aux Habsbourg en réfectionnant deci delà des bâtiments officiels. Mais sa route allait bientôt changer quand il connut dans une auberge un banquier suisse dénommé Piron originaire de Genève. C’est cet homme qui conseilla à Joseph de partir avec ses hommes pour les États barbaresques que les Français venaient d’occuper et que le roi (Louis-Philippe) avait décidé de nommé d’un nouveau nom : l’Algérie. Quelques temps après, notre héros décida de partir avec ses hommes vers ce nouvel Eldorado, où les premiers colons mouraient comme des mouches de la malaria.

…/… Après une escale à Marseille, il prit un vapeur –une nouveauté de l’époque – et traversa cette mare nostrum en trente-six heure, alors qu’il en fallait en bateau à voile trois ou quatre jours. Il fut ébloui à l’arrivée dans ce port d’Alger où la ville était, selon la tradition, toute blanche, phénomène du aux quartiers de la Casbah qui dominaient la ville et où étaient construites des petites maisons à terrasses. …/… »

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